Tragédie en prose , en un acte
Le personnage baptisé le Prologue présente les différents protagonistes et
résume la légende de Thèbes ( Anouilh reprend cette tradition grecque qui
consiste à confier à un personnage particulier un monologue permettant aux
spectateurs de se rafraîchir la mémoire. Le Prologue replace la pièce dans
son contexte mythique). Toute la troupe des comédiens est en scène. Si
certains personnages semblent ignorer le drame qui se noue, d'autres
songent déjà au désastre annoncé
Antigone rentre chez elle , à l'aube, après une escapade nocturne. Elle est
surprise par sa nourrice qui lui adresse des reproches. L'héroïne doit
affronter les questions de sa nounou. Le dialogue donne lieu à un quiproquo
. La nourrice prodigue des conseils domestiques ( " il va falloir te
laver les pieds avant de te remettre au lit") tandis qu'Antigone
évoque son escapade avec beaucoup de mystère ( " oui j'avais un
rendez-vous") . Mais elle n'en dira pas plus
La nourrice sort et Ismène, la sœur d'Antigone, dissuade cette dernière
d'enfreindre l'ordre de Créon et d'ensevelir le corps de Polynice. Ismène
exhorte sa sœur à la prudence ("Il est plus fort que nous, Antigone,
il est le roi") . Antigone refuse ces conseils de sagesse . Elle
n'entend pas devenir raisonnable
Antigone se retrouve à nouveau seule avec sa nourrice. Elle cherche à
surmonter ses doutes et demande à sa nourrice de la rassurer. Elle tient
aussi des propos ambigus pour ceux ( et c'est le cas de la nourrice) qui ne
connaissent pas son dessein . Elle semble décidée à mourir et évoque sa
disparition à mots couverts " Si, moi , pour une raison ou pour une
autre, je ne pouvais plus lui parler
Antigone souhaite également s'expliquer avec son fiancé Hémon. Elle lui
demande de le pardonner pour leur dispute de la veille. Les deux amoureux
rêvent alors d'un bonheur improbable. Sûre d'être aimée , Antigone est
rassurée. Elle demande cependant à Hémon de garder le silence et lui
annonce qu'elle ne pourra jamais l'épouser. Là encore , la scène prête au
quiproquo : le spectateur comprend qu'Antigone pense à sa mort prochaine,
tandis qu'Hémon , qui lui n'a pas percé le dessein d'Antigone, est attristé
de ce qu'il prend pour un refus.
Ismène revient en scène et conjure sa sœur de renoncer à son projet. Elle
affirme même que Polynice, le "frère banni", n'aimait pas cette
sœur qui aujourd'hui est prête à se sacrifier pour lui
Antigone avoue alors avec un sentiment de triomphe, qu'il est trop tard,
car elle a déjà , dans la nuit, bravé l'ordre de Créon et accompli son
geste " C'est trop tard. Ce matin , quand tu m'as rencontrée , j'en
venais
Jonas, un des gardes chargés de surveiller le corps de Polynice, vient
révéler à Créon, qu'on a transgressé ses ordres et recouvert le corps de
terre. Le roi veut croire à un complot dirigé contre lui et fait prendre
des mesures pour renforcer la surveillance du corps de Polynice. Il semble
également vouloir garder le secret sur cet incident : " Va vite. Si
personne ne sait, tu vivras."
Le chœur s'adresse directement au public et vient clore la première partie
de la pièce. Il commente les événements en exposant sa conception de la
tragédie qu'il oppose au genre littéraire du drame. Le chœur affiche
également une certaine ironie et dévoile les recettes de l'auteur :
"c'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne un petit coup
de pouce pour que cela démarre... C'est tout. Après on n'a plus qu'à
laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul
Antigone est traînée sur scène par les gardes qui l'ont trouvée près du
cadavre de son frère. Ils ne veulent pas croire qu'elle est la nièce du roi
, et la traitent avec brutalité. Ils se réjouissent de cette capture et des
récompenses et distinctions qu'elle leur vaudra.
Créon les rejoint. Les gardes font leur rapport . Le roi ne veut pas les
croire. Il interroge sa nièce qui avoue aussitôt. Il fait alors mettre les
gardes au secret, avant que le scandale ne s'ébruite.
Créon et Antigone restent seuls sur scène. C'est la grande confrontation
entre le roi et Antigone. Le roi souhaite étouffer le scandale et ramener
la jeune fille à la raison. Dans un premier temps , Antigone affronte Créon
qui tente de la dominer de son autorité
Les deux protagonistes dévoilent leur personnalité et leurs motivations inconciliables.
Créon justifie les obligations liées à son rôle d'homme d'état . Antigone
semble sourde à ses arguments : (Créon : Est ce que tu le comprends cela ?
Antigone : " Je ne veux pas le comprendre.") . A court
d'arguments Créon révèle les véritables visages de Polynice et d'Etéocle et
les raisons de leur ignoble conflit. Cet éclairage révolte Antigone qui
semble prête à renoncer et à se soumettre. Mais c'est en lui promettant un
bonheur ordinaire avec Hémon, que Créon ravive son amour-propre et provoque
chez elle un ultime sursaut. Elle rejette ce futur inodore et se rebelle à
nouveau. Elle choisit une nouvelle fois la révolte et la mort.
Ismène , la sœur d'Antigone entre en scène alors que cette dernière
s'apprêtait à sortir et à commettre un esclandre , ce qui aurait obligé le
roi à l'emprisonner. Ismène se range aux côtés d'Antigone et est prête à
mettre elle aussi sa vie en jeu. Mais Antigone refuse , prétextant qu'il
est trop facile de jouer les héroïnes maintenant que les dés ont été jetés.
Créon appelle la garde , Antigone clôt la scène en appelant la mort de ses
cris et en avouant son soulagement ( Enfin Créon
Le chœur entre en scène. Les personnages semblent avoir perdu la raison,
ils se bousculent. Le chœur essaye d'intercéder en faveur d'Antigone et
tente de convaincre Créon d'empêcher la condamnation à mort d'Antigone.
Mais le roi refuse , prétextant qu'Antigone a choisi elle-même son destin,
et qu'il ne peut la forcer à vivre malgré elle
Hémon vient lui aussi, ivre de douleur, supplier son père d'épargner
Antigone, puis il s'enfuit
Antigone reste seule avec un garde. Elle rencontre là le "dernier
visage d'homme". Il se révèle bien mesquin, et ne sait parler que de
grade et de promotion. Il est incapable d'offrir le moindre réconfort à
Antigone. Cette scène contraste, par son calme, avec le violent tumulte des
scènes précédentes. Apprenant qu'elle va être enterrée vivante, éprouvant
de profonds doutes ( " Et Créon avait raison, c'est terrible
maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs." ,
Antigone souhaite dicter au garde une lettre pour Hémon dans laquelle elle
exprime ses dernières pensées. Puis elle se reprend et corrige ce dernier
message ( "Il vaut mieux que jamais personne ne sache C'est la
dernière apparition d'Antigone
Le messager entre en scène et annonce à Créon et au public la mort
d'Antigone et la mort de son fils Hémon. Tous les efforts de Créon pour le
sauver ont été vains. C'est alors le chœur qui annonce le suicide
d'Eurydice, la femme de Créon : elle n'a pas supporté la mort de ce fils
qu'elle aimait tant. Créon garde un calme étonnant . Il indique son désir
de poursuivre " la salle besogne sans faillir. Il sort en
compagnie de son page
Tous les personnages sont sortis. Le chœur entre en scène et s'adresse au
public : Il constate avec une certaine ironie la mort de nombreux
personnages de cette tragédie : "Morts pareils, tous, bien raides,
bien inutiles, bien pourris." La mort a triomphé de presque tous . Il
ne reste plus que Créon dans son palais vide . Les gardes , eux continuent
de jouer aux cartes , comme ils l'avaient fait lors du Prologue. Ils
semblent les seuls épargnés par la tragédie
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